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Communication world
16 juin 2007

[Médias] Le Commerce inéquitable, Jean-Pierre Boris, chez Hachette.

J'ai eu l'occasion de parcourir ce livre dans le cadre du travail. Je vais être sincère tout de suite, je ne l'ai pas lu en entier.

Le livre est organisé par thème et il aborde les principaux produits issus du commerce équitable : Cacao, café, coton, riz, poivre. L'auteur nous parle de ces cultures, de la situation des paysans en nous livrant une vision géo-politique des événements. C'est très intéressant certes, mais il est difficile de lire et de comprendre tous ces épisodes historiques. On se perd vite.

Venons-en à la partie la plus intéressante, le chapitre 6 intitulé le mirage équitable.

Dans ce chapitre, l’auteur commence par nous présenter le commerce équitable et énumérer tous ces bienfaits. Il nous présente une alternative économique viable et solidaire dans laquelle les petits producteurs peuvent vivre de leur culture et développer les infrastructures de leurs pays. Tout est beau, tout est parfait… Et en lisant cela, on ressent que tout est utopique. Ainsi, dans une deuxième partie, l’auteur remet en cause le commerce équitable.

Je vous conseille ce livre uniquement pour cette partie qui m'a beaucoup plû ! En voici quelques extraits :

"Le principe en est limpide : demander au consommateur de payer plus cher son paquet de café ou sa plaque de chocolat de manière à mieux rémunérer le paysan qui se trouve au début de la chaîne de production. Celui-ci peut ainsi vivre décemment."

"Des associations américaines ou européennes achètent les produits équitables à des coopératives ou communautés paysannes à des prix deux fois plus supérieurs, permettant à ces groupes de population de vivre plus confortablement, de développer leurs réseaux de transport, leurs entrepôts, de construire écoles et dispensaires, d’installer l’électricité ou eau courante. "

« Les médias se font largement l’écho de cette vogue. Reportages télévisés, articles de presse narrent à satiété les retombées positives de ce commerce d’un nouveau genre. Rares sont les étalages de grandes surfaces à ne pas offrir aux consommateurs généreux des paquets de café ou de chocolat équitables. »

« Au centre des grandes villes, à Londres comme à Paris, à Los Angeles comme à Berlin, fleurissent les bistrots équitables. (…) Quelques panonceaux judicieusement placés détaillent les mérites du lieu, décrivent les avantages qu’e retirent les petits producteurs du Guatemala ou du Rwanda. (…). Boire ce café, voir les grains torréfiés, lire leur histoire, c’est déjà toucher du doigt la réalité paysanne et apporter son petit grain de sable à la dénonciation du commerce libéral qui ruine les petits paysans. C’est contribuer à l’émergence d’une alternative économique viable. »

En lisant ça, on se dit que le commerce équitable est vraiment une bonne chose, n'est-ce pas ? Mais on se dit aussi que c'est trop beau pour être vrai... Et l'auteur nous donne raison :

"Le moment est donc venu de commettre un crime : interroger le commerce équitable, cesser de le considérer béatement comme la panacée. Car, noyé sous les actions de communication en sa faveur, régulièrement soumis à des «semaines du commerce équitable», abreuvé de reportages télévisés vantant les mérites de telle ou telle association, décrivant sur un ton compatissant le désespoir des petits producteurs et leur soulagement face aux bons prix qui leur sont offerts, aveuglé par les campagnes de promotion des grandes surfaces qui affirment vendre les paquets de café équitable par centaines de milliers, on en viendrait à oublier les faits : sur l’échelle du commerce, le réseau « équitable» ne représente rien. En 2003, le produit le plus « travaillé » par le commerce équitable était le café (…) mais ce n’était que 0,3% de la récolte annuelle de café qui tourne autour de 6,5 millions de tonnes. »

« Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, ce ne sont pas les plus pauvres, les plus misérables des producteurs qui profitent du « fair trade ». La plupart du temps, les bénéficiaires sont les communautés paysannes plus soudées, les plus dynamiques, celles où le niveau d’éducation est le plus élevé. Elles seules sont capables de maintenir le contact avec les ONG qui soutiennent le commerce équitable, d’affronter les questions commerciales et les contrôles techniques qui sont imposés. Le commerce équitable contribue donc, bien involontairement, à marginaliser encore plus les misérables ».

« Contrairement à l’idée subliminalement propagée par ses promoteurs, le commerce équitable n’a donc rien de évolutionnaire. Il ne subvertit pas l’ordre économique international. En achetant un paquet de café labellisé Max Havelaar, on ne participe pas à l’édification, demain ou après-demain d’un monde meilleur, d’un autre monde. Cette présentation des choses est une véritable escroquerie intellectuelle ».

Je pense que ce livre est trop critique, même si le commerce équitable ne rapporte que quelques euros de plus aux paysans, ces quelques euros sont essentiels pour eux.

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  • Passionnée par l'Asie et la communication. Je m'intéresse de près aux domaines marketing, communication & réseaux sociaux, web 2.0, médias & RP, consommation. J'aime lire des articles insolites, ou qui anticipent les tendances de demain, etc
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